La diplomatique et la CID

Qu’est-ce que la diplomatique ?

La Diplomatique se définit elle-même comme « la science qui étudie la tradition, la forme et l’élaboration des actes écrits. Son objet est d’en faire la critique, de juger de leur sincérité, d’apprécier la qualité de leur texte, de dégager des formules tous les éléments du contenu susceptibles d’être utilisés par l’historien, de les dater, enfin de les éditer »[1].

La diplomatique veut donc d’abord critiquer les actes écrits, étudier leur authenticité ou leur fausseté, les dater, les éditer : cela pour les mettre à la disposition des historiens, et plus largement de tous ceux qui utilisent les actes écrits pour leurs recherches.

Mais pour que l’on puisse utiliser les actes en connaissance de cause, la diplomatique est aussi la science de la forme des actes : elle veut comprendre comment les actes ont été élaborés, quelles règles les rédacteurs et les scribes ont suivies (ou enfreintes), ce que signifient les particularités de son texte, de son écriture, de sa mise en page… Son objectif n’est pas donc pas d’étudier le contenu des actes afin de mieux connaître l’économie, la société, les institutions, les personnes… d’une société, sauf quand cela permet de mieux étudier l’acte lui-même.

Enfin, en étudiant l’élaboration et l’usage des actes écrits, la diplomatique travaille aussi sur l’usage, sur la portée, sur le sens de ces actes, et rejoint par là des champs proprement historiques, comme l’histoire de la scripturalité, l’histoire de la communication, l’histoire politique et institutionnelle, la sémiologie historique…

Mais que sont ces « actes écrits » ? Ce sont tous les écrits consignant une action juridique (donation, vente, jugement…) ou un fait juridique (baptême, décès…), et établis dans une forme juridique telle qu’elle leur procure une validité juridique : il faut donc qu’il y ait à la fois un contenu juridique, et une forme juridique.

Plus récemment cependant, la diplomatique a aussi pris en compte bien d’autres documents, et étudie de facto l’ensemble des sources d’archives (y compris les dénombrements, comptabilités…)

La diplomatique est née de l’étude des diplômes (actes royaux ou impériaux) délivrés par les rois mérovingiens[2]. Depuis lors, elle est restée très fortement centrée sur le Moyen Âge occidental, même si elle s’ouvre de plus en plus aux civilisations qui étaient en contact avec celui-ci, comme l’empire de Constantinople (et l’ensemble du monde chrétien oriental : Russie, Ukraine, Serbie, Bulgarie…), le monde arabo-musulman, le monde juif (qui était en partie en Occident).

Mais pour toutes les autres civilisations, en Occident avant ou après le Moyen Âge, ou hors d’Occident, pour autant qu’elles aient produit des actes écrits, une diplomatique est possible : une étude critique de l’élaboration et de la tradition de ces actes. Bien que ces travaux ne se réclament pas toujours de la diplomatique, ils intègrent bien cette discipline.

[1] Vocabulaire international de la Diplomatique, éd. Maria Milagros Cárcel Ortí, 2e éd., Valence, 1997, § 1, p. 21.

[2] Même s’il n’a pas été le premier à s’intéresser aux actes médiévaux, le créateur des fondements de la méthode de la diplomatique, et inventeur de la discipline et de son nom, fut Jean Mabillon (1632-1707), dans son ouvrage : De re diplomatica libri VI, in quibus quidquid ad veterum instrumentorum antiquitatem, materiam, scripturam et stilum, quidquid ad sigilla, monogrammata, subscriptiones ac notas chronologicas, quicquid inde ad antiquariam, historicam, forensemque disciplinam pertinet, explicatur et illustratur, Paris, 1681.

Qu’est-ce que la Commission Internationale de Diplomatique ?

 La C.I.D. a été créée en 1970, lors du Congrès International des Sciences Historiques tenu à Moscou, à l’initiative de Jindřich Šebánek (1900-1977), professeur à l’Université de Brno (République tchèque, à l’époque Tchécoslovaquie). La C.I.D. avait pour mission de constituer un lieu d’échanges, mais surtout de travail et de publications dans un objectif de diplomatique comparée.

La diplomatique en effet, parce qu’elle impose un travail très minutieux sur un corpus d’actes généralement limité, se traduit surtout par des études monographiques. La matière première des diplomatistes, les actes écrits, connaît de fortes variations selon les périodes et les régions, et même si les diplomatistes se lisent et échangent entre eux depuis longtemps, des écoles nationales subsistent. L’objectif essentiel de la C.I.D. est donc, en favorisant les études comparatives, de permettre à chaque diplomatiste, à chaque historien, de mieux comprendre les actes qu’il étudie.

Contacts :

Benoît-Michel Tock (btock [auprès de] unistra.fr)

Andrea Stieldorf (andrea.stieldorf [auprès de] uni-bonn.de)

  Le premier Bureau de la C.I.D. était composé de : Giulio Battelli (Rome, président) ; Emilio Saez (Barcelone) and Jindrich Šebanek (Brno), vice-présidents ; Robert-Henri Bautier (Paris, secrétaire général) ; Alessandro Pratesi (Rome, vice-secrétaire général) ; Carlrichard Brühl (Gießen, trésorier) ; Heinrich Appelt (Vienne), Aleksander Gieysztor (Varsovie) et Wolfgang Hagemann (Rome), conseillers.

Depuis lors, la C.I.D. a été présidée successivement par Giulio Battelli, Robert-Henri Bautier, Carlrichard Brühl, Walter Prevenier, Theo Kölzer et Olivier Guyotjeannin.

Le Bureau actuel est composé de :

President: Benoît-Michel Tock (Strasbourg)
Vice-Presidents: Maria Cristina Cunha (Porto), Ignasi Joaquim Baiges Jardí (Barcelona)
Secretary General: Andrea Stieldorf (Bonn)
Vice-Secretary General: Frédéric Bauden (Liège)
Treasurer: Claes Gejrot (Stockholm)
Counsellors: Luisa D’Arienzo (Cagliari),  Nikita Komochev (Moscow), Adam J. Kosto (New York)

3 Responses to La diplomatique et la CID

  1. tdhempti says:

    Un grand merci et félicitations à Sébastien Barret, notre nouveau webmaster.
    TdH

  2. Comme Thérèse, je félicite chaleureusement Sébastien et les autres
    W P

  3. MªJosefa Sanz Fuentes says:

    Enhorabuena, Sebastian, y muchas gracias por tu trabajo.

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